Journal pour rien dire

" Le bonheur, c'est savoir ce que l'on veut et le vouloir passionnément. " ( Félicien Marceau )

10-8-2000

J'ai fais plus que la déposer à l'endroit convenu. Comme c'est jour de paie on s'arrête d'abord à la caisse. Étrangement, il n'y a personne dans la file d'attente pour accéder aux caissières. Ensuite elle veut se procurer un petit sac cadeau pour y mettre le présent pour son chum, donc on se dirige vers le magasin à 1$ tout à côté. Comme elle aime fouiner je la laisse vagabonder dans les allées. Elle en ressort avec quelques babioles supplémentaires pour sa nièce.

Elle offre un cd à son chum, le premier du groupe Nine Inch Nails. Comme elle n'avait pas compléter la carte d'anniversaire je lui suggère de le faire tranquillement dans la voiture, une fois stationnée dans mon entrée. Mais au moment où je sors de voiture elle me fait:

« Dis! J'aimerais ça voir la peinture que tu a mis dans ta chambre... si ça ne te gêne pas ou bien si tu penses que c'est trop laid... »

« Oh! Oh! Ben non...mais je préfère t'avertir que tu vas entrer dans un endroit habité par deux célibataires et que même si je te dis de ne pas faire attention à l'état des lieux je suis certain que tu vas y apporter attention... »

« Ben non!!...ce ne sera pas aussi sale que tu ne le crois, tu sais j'en ai sûrement visité des plus pires encore quand je magasinais des apparts. »

Pendant qu'elle écrivait je suis entré prendre mon chat et je lui présente...comme elle adore les chats sa réaction a été de le trouver beau...moi, habitué de le voir à longueur de journée depuis près de 13 ans je le trouve plutôt gros...

Bon!...En remarquant une fissure dans le ciment de la galerie elle me dit:

« Est-ce que tu es en train de réparer la galerie? »

« Non, non c'est tout simplement une fissure causé par l'usure, elle n'est pas prêt de s'effondrer. »

À l'intérieur je lui montre le salon complètement entouré par ma bibliothèque.

« Comme tu vois il commence à manquer franchement de place pour se déplacer. Il se peut que je monte deux ou trois sections de bibliothèque dans la chambre en haut pour faire de l'espace dans le salon. »

Comme elle s'approche du chat installé dans la fenêtre il se met à miauler d'une façon que j'aime pas et j'en avertis H.

« Quand il miaule comme ça ça me dit rien de bon...peut-être parce qu'il voit rarement de la visite et peut-être aussi que la dernière fois qu'il l'a fait j'ai hérité de coups de griffes alors je préfères t'en avertir. »

« Ben non! c'est correct, regarde, il veut seulement se faire flatter... »

Je suis bien forcé d'admettre qu'il se laisse faire.

La visite continue, la dinette qui ne sert pratiquement pas et encombrée de toutes sortes d'inutilités. À l'étage elle voit finalement le résultat de la peinture.

« Heille!!! C'est exactement la même qu'à mon ancien appart!!!...Ça me rappelle des souvenirs!!!... Il serait temps pour moi de peinturer ma chambre actuelle. »

En effet, la couleur que j'ai choisi correspond assez bien à celle de son ancien appartement.

« Oh! Ce n'est pas encore fait? »

Comme elle est encore prise avec des boîtes de cartons non ouvertes dans sa chambre elle doit remettre à plus tard.

Elle trouve cool l'ouverture que j'avais fait pratiquer entre la chambre et celle où se trouve l'ordi.

« C'est ton ordi ça? De quelle couleur comptes-tu peinturer les murs? »

« Moi je la vois dans un ton de bleu... »

En redescendant l'escalier menant à l'étage je lui montre le pan de mur passablement écorché que je dois refaire et lui dis que je ne sais de quelle couleur le mettre. Elle regarde, soupèse l'environnement de l'escalier de même que le salon mais comme elle ne semble pas sûre elle me dit de lui laisser le temps d'y penser et qu'elle va me donner une opinion plus tard.

En repassant dans la cuisine elle remarque, traînant comme c'est ma mauvaise habitude, la série de cartons colorés dont je m'étais servi pour choisir ma couleur mais ne s'y trouvait pas celle qu'elle avait probablement en tête.

En partant de chez moi elle me demande où habitait I., une ancienne voisine dont je lui avais déjà parlé, que j'avais connu alors qu'elle n'était qu'une enfant, que j'avais perdue de vue et avec laquelle j'ai repris contact il y a plus d'un an. Je lui désigne une porte à quelques pas de chez moi.

Comme on s'était mis en retard pour la fête anniversaire je lui rappelle qu'elle a encore à s'arrêter à la SAQ pour y prendre une bouteille de vin. Une fois fait, destination finale la demeure des beaux-parents.

Entretemps, elle m'avait demandé si je voulais toujours lui prêter les cd-rom du jeu Titanic. Je lui avais suggéré il y a de ça plusieurs mois ce qui me fait dire qu'elle prête à y jouer.

J'espère que son chum ne lui fera pas de crises de jalousie du fait quelle soit en retard.

Depuis deux semaines H. a dû entraîner environ sept ou huit nouvelles employées dont la moitié ne sont déjà plus dans le décor. Cette facette de son rôle est fastidieux comme tout car ce n'est pas évident d'avoir à répéter souventes fois les mêmes instructions avec le risque de le faire pour rien quand les jeunes filles démissionnent au bout de deux jours.

Par exemple aujourd'hui est arrivée une marocaine, jeune, grande, jolie et cultivée qui dès le début encense H. sur sa beauté et va même jusqu'à l'inviter à un anniversaire et ce seulement une heure après le début de son apprentissage. Alors là, si ce n'est pas du "tétage", car n'oublions pas qu'H. est sa supérieure immédiate, je ne sais pas comment appeler ça.

Je veux bien croire que cela fait probablement parti de leurs coutumes mais, au départ ce soir, elle y va de bisous à l'endroit d'H. ce qui évidemment a immédiatement fait jaser les consoeurs.

Je lui demande des éclaircissements sur des propos que j'avais entendu d'une oreille distraite plus tôt en journée:

« Arrête-moi si tu penses que ce n'est pas de mes affaires mais ai-je bien entendu que tu as déjà été enceinte? »

« Oui c'est vrai. J'avais 17 ans, c'était plus ou moins un accident, ça se passait avec mon premier chum, un guatémaltèque, mon premier grand amour. J'avais à prendre une décision grave: Je garde le bébé ou je me fais avorter... Mais comme il avait l'intention de me ramener moi et le bébé au Guaté et que je commencais à voir en lui un homme pour qui sa femme devra être une servante, je n'ai plus voulu le suivre. Je n'ai pas été élevé pour être une soumise. Ma mère m'a toujours mise dans la tête que l'homme et la femme devaient idéalement tout partager dans un couple, ce qui n'aurait pas été le cas dans le notre.... J'avais demandé des conseils autour de moi parce que ça m'était difficile. Ma mère m'a répondu de faire ce qui me semblerait être le mieux pour moi... Donc, j'ai décidé de me faire avorter. »

« T'imagines aujourd'hui cet enfant aurait dix ans et tu aurais probablement perdu ta jeunesse en étant maman aussi tôt dans la vie...»

Après quelques secondes de silence...

« Ben... peut-être pas nécessairement... »

...

Demain soir elle accompagnera son chum pour qu'il se choisisse la paire d'écouteurs qu'elle veut lui offrir en cadeau.

« C'est platte qu'il sache le prix que je veux mettre là-dessus mais comme je n'y connais pas grand chose et que je ne voulais pas courir le risque de me faire "fourrer" question qualité/prix... »