Journal pour rien dire

" Le goût, tel un canal artificiel, traverse une belle contrée; mais ses bords sont bornés et son étendue, limitée. La connaissance navigue sur l'océan, et elle est perpétuellement en voyage de découverte. " (DISRAELI)

1-6-2000

Plus tôt à l'heure du dîner, à la cafétéria, comme on conversait par dessus les tables puisque nous ne mangeons pas ensemble, on est retombé sur le sujet des idylles qui se formaient à l'interne. J'ai été emmené à parler de la liaison que j'avais eu jadis avec une employée. Du fait que nous ne nous étions jamais disputés tout le temps de la relation mais que dès que nous avions rompus elle avait cherché à me déstabiliser en me cherchant noise à propos de tout et de rien, professionnellement parlant. Peut-être, disais-je, parce qu'elle voyait que cette rupture n'avait pas l'air de trop me chagriner.

Éventuellement j'ai "craqué" et je me suis surpris à l'apostropher vertement à plusieurs reprises en réaction à ses provocations.

Comme je disais cela j'ai cru voir un assombrissement dans le visage d'H. et à y discerner comme une certaine peine.

Comme ceci se passe avant qu'elle me parle de sa confrontation avec son chum j'ai pensé, après coup, qu'en m'entendant parler de mes déboires passés elle avait fraîche en mémoire son altercation de la veille.

Effectivement, sur le chemin du retour elle me raconte qu'elle s'est disputée avec son chum à propos de la musique que lui qualifie de "contemporaine". Elle s'amusait à bruiter des effets sonores qu'elle entend quand il écoute des albums de King Krimson.

« Tu sais Daniel les arrangements dans ces albums-là je n'appelle pas ça de la musique, moi. »

Môssieur n'a pas apprécié qu'elle s'en moque. S'ensuivit un échange verbal vigoureux les amenant à comparer les styles musicaux. (Personnellement j'ai appris, quoique tardivement que les goûts dans ce domaine ça ne se discute pas.) Mais ce qu'elle omet de me dire, parce que je l'avais entendu en discuter plus tôt à une compagne de travail sans qu'elle me voit, est que, pour clore le débat il l'a même enjoint à quitter son appartement, tellement il était frustré. Ce qu'elle fait, évidemment fachée contre lui.

Elle me donne un autre exemple de son manque de tact (d'après moi) envers elle: Il y a quelques semaines en déambulant avec lui en ville elle entends de la musique folklorique, comme pour elle ça ressemble à "La Bottine Souriante" elle lui en fait la remarque mais lui, offusqué, lui rétorque que cette musique vient d'un compositeur québécois, inconnu d'elle, et qu'elle devrait faire la différence entre du folklore et du "classique".

Ça m'a tout l'air qu'il fait de l'élitisme musical et qu'il voudrait qu'elle le suive dans ses goûts. Pourtant il devrait savoir mieux que moi qu'elle est assez indépendante de ce côté-là et qu'on ne la forcera pas à se passionner pour quelque chose qu'elle n'aime pas.

Comme si elle n'avait pas assez de son propre déménagement, elle s'est mise en tête d'aider sa soeur à trouver un appart, si possible dans le même quartier où elle emmenagera. Alors elle me demande si je peux l'aider à collecter des numéros de téléphone et des adresses en se promenant dans le quartier. J'acquiesce et on se balade au ralenti sur différentes avenues. Après qu'elle ait notée une vingtaine de numéros et commencant à avoir un mal de tête, on arrête la recherche et je la ramène chez elle.