PLÉIADES pour un demain plus Dossier à copier et à
diffuser largement, L A MONDIALISATION N.B. Le contenu de cette page est la propriété
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par
Guy Demonteil
Pauvreté, marginalisation, précarité,tous ces mots sont aujourdhui devenus habituels, courants et même banals. Déforestation, diminution de la bio-diversité, destruction de lenvironnement font eux aussi partie du quotidien et ne nous choquent même plus Pourtant, à laube du troisième millénaire de notre ère, nous devrions avoir honte.
Voici tout juste cinquante ans, des humains ont cru que lhumanité allait enfin
se débarrasser de tous ces maux et les faire disparaître à jamais. Cétait le dix décembre 1948, au détour dun texte scellé signant la naissance de la Déclaration Universelle des Droit de lHomme. Bien sûr, la protection de lenvironnement naturel n'y apparaissait guère, mais quelque part,la liberté, légalité et la reconnaissance des droits humains allaient aussi dans ce sens, car il sagit bien là du droit à la vie. Un demi-siècle plus tard, ni les droits humains ni ceux de la nature ne sont respectés,la destruction des premiers étant associée à la destruction simultanée des écosystèmes. AmiEs, nous pouvons regarder le monde seffondrer sans bouger - sans même le voir -
mais dès lors, nous ne pourrons y échapper.Réagir aujourdhui, cest travailler pour que les générations futures soient en mesure de disposer dun environnement non seulement "viable" mais agréable et valorisé.
Réagir aujourdhui, cest préparer les fondements dun monde où lhumain devienne plus humaniste. Alors, choisissons dès aujourdhui notre camp et assumons : soit un avenir épanouissant, soit leffondrement !Mais pour réagir, il faut connaître les faits et envisager des solutions.
Les articles qui suivent ont été écrits dans ce but. Puissent-ils vous éclairer et vous inciter à sélectionner tout le texte et à le retransmettre à vos listes de contacts, l'implication de chacun à ce niveau pouvant faire toute la différence entre OPPORTUNITÉS ou RISQUES sans précédent.
Vous pourrez nous joindre en téléphonant au 418 . 848 . 5467
(1) LES STRATÉGIES
DU POUVOIR
-
PAR L'OPPRESSION, LE GÉNOCIDE ET LA FAMINE -
par
Guy Demonteil
RÉSUMÉ
Trois milliards d'humains sans ressources, des centaines de millions de chômeurs sans perspectives d'avenir, des milliers d'enfants exploités, déportés, prostitués ; un environnement naturel dégradé, des écosystèmes menacés... Trois personnes qui possèdent une fortune supérieure au PIB des 45 pays les plus pauvres, soit trois milliards d'habitants, l'uniformisation des cultures et des États pour valoriser l'ultra-libéralisme nord-américain... ! ! !
LES FAITSEn janvier 1998, une affiche tapissait les corridors et les couloirs de divers aéroports d'Europe. Ces affiches pastichaient les images de la révolution chinoise. Elles mettaient en avant-plan une colonne de personnes brandissant des étendards très colorés sur lesquels était inscrit : « Capitalistes de tous les pays, unissez-vous ! » Ainsi la revue américaine des milliardaires semblait-elle vouloir faire un pied de nez narquois et sournois aux 150 ans du Manifeste de Karl Marx et Friedrich Engels. À l'époque, le communisme restait le seul contre-pouvoir au modèle ultra-libéraliste nord américain. Ce contre-pouvoir certes négatif mais existant disparaissant, il conforte alors et même prône comme grand vainqueur de l'affrontement Est-Ouest, le néolibéralisme. Cela a comme conséquence l'accélération de ce qu'on appelle la mondialisation. Celle-ci résulte de l'interdépendance de plus en plus étroite des économies de tous les pays par la liberté de circulation absolue des capitaux, la suppression des barrières douanières économiques et la dérèglementation ainsi que l'intensification du commerce et du libre échange encouragés par la Banque mondiale, le FMI, l'OCDE et l'OMC.
Ceci ne serait pas un mal en soi si les droits des humains et de la nature étaient respectés ainsi que le droit aux différences culturelles, ethniques et autres, dans le but d'un accès au bien-être de toute l'humanité.
Dans cet ordre d'idée, il est important de noter ici que sur les 1500 milliards de dollars des transactions financières quotidiennes, seul 1% est consacré à la création de richesses nouvelles, les 99% restant servant à la spéculation, donc au profit. Cet essor sans précédent du néolibéralisme s'accompagne d'une réduction significative des acteurs publics et de leurs rôles, d'un saccage écologique, d'une explosion des inégalités sociales et du retour de la pauvreté et du chômage. C'est en ce sens la négation de l'état moderne et de la citoyenneté.
Enfin, il est paradoxal de noter que la libre circulation des capitaux et l'effondrement des frontières et des législations nationales ou internationales s'accompagnent d'un renforcement législatif accrû limitant la libre circulation des personnes, accentuant la discrimination et le rejet des populations les plus pauvres hors des frontières nationales. L'ensemble de ces politiques monétaires entraîne une apathie des pays les plus pauvres, une stagnation de ceux en cours de développement et, dans les pays les plus riches, un processus d'accumulation des richesses entre de moins en moins de personnes donc, un retour à une grande pauvreté et précarité, une perte de repère ainsi qu'une accentuation du repli sur soi et du " chacun pour soi ". Et tout cela dans quel but ? Afin d'augmenter les profits d'un minimum de personnes en accentuant les pressions sur les populations par la dévalorisation des salaires et la remise en cause des minima sociaux. Des preuves ?
En 1960, 20% de la population mondiale vivant dans les pays les plus riches dispose alors d'un revenu 30 fois supérieur à 20% des pays les plus pauvres. En 1995, leurs revenus sont de 82 fois supérieurs. Actuellement, le revenu de 70 pays est inférieur à ce qu'il était il y a vingt ans. En fait, à l'échelle planétaire, plus de trois milliards de personnes, soit plus de la moitié de la population mondiale, vivent avec un revenu journalier de 10 F ( 2.50$). Autres inégalités intolérables : un tiers des 4.5 milliards d'habitants que comptent les pays en voie de développement n'a pas accès à l'eau potable... Un cinquième des enfants n'absorbe pas assez de calories ou de protéines. Plus de 2 milliards de personnes, soit le tiers de l'humanité, souffrent d'anémie. Pourtant les 3 personnes les plus riches au monde possèdent une fortune supérieure à la somme des produits intérieurs bruts des 45 pays les plus pauvres, soit le quart de la totalité des états du monde. Fatalité ou volonté délibérée ? !
Pour répondre aux besoins fondamentaux de toute la population du globe, soit l'eau potable, la nouriture, l'éducation, la santé et le logement, il suffirait de prélever sur les 225 plus grosses fortunes du globe, moins de 4% de leurs richesses. Cela représenterait environ 13 milliards de dollars, soit à peine ce que les habitants des USA et de l'Union européenne dépensent annuellement en parfums !...
Pourtant, en 1948, la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme n'affirmait-elle pas que : " Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et celui de sa famille ; notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires. " ? Pourtant, ces droits sont de moins en moins accessibles pour une grande part de l'humanité, le nombre de personnes n'ayant ni ressources ni travail ni hébergement augmentant sans cesse alors que l'abondance de biens atteint des niveaux sans précédent : 30 millions de personnes meurent encore de faim chaque année et 800 millions d'autres souffrent de sous-alimentation chronique. Pourtant on peut aujourd'hui enrayer une famine naissante en quelques semaines avec la technologie. Mais encore faut-il vouloir intervenir. En effet, les denrées alimentaires ne manquent pas. Elles n'ont jamais étés aussi abondantes. Leur disponibilité devrait donc permettre à chacun des 6 milliards d'humains de disposer des 2 700 calories journalières. Cela démontre seulement que produire ne suffit pas mais qu'il faut aussi être en mesure d'acheter. Même en pays riches puisque les États-Unis -première puissance mondiale- et l'Union européenne comptent respectivement 60 et 50 millions de pauvres. Est-ce là normalité ? Voici des chiffres.
Aux États-Unis, 1% de la population détient à elle seule 39% de la richesse nationale. En France, 4% en détient 20%. À l'échelle planétaire, ce sont... 358 personnes qui possèdent une richesse supérieure au revenu annuel de 45% des habitants les plus pauvres, soit 2,6 milliards de personnes. Le fait que 358 personnes détiennent une fortune supérieure à 2,6 milliards de personnes ne peut nous laisser sans réaction. Cela ne vient-il pas juste démontrer que le libéralisme total n'est en rien évolutif et encore moins humaniste ?
La faim serait-elle devenue une arme politique, une véritable stratégie qu'entretiennent les États, les firmes supranationales et les pouvoirs politiques des pays concernés, finalement... des entreprises d'armement occidental ?
Comme l'écrit Sylvie Brunel :
" Ce ne sont plus les peuples ennemis, les peuples à conquérir qui sont affamés mais les propres populations de ceux qui veulent capter à leur profit ces nouvelles mannes des conflits que sont les projecteurs médiatiques et leur corollaire : le déchaînement de la compassion internationale, source inépuisable d'argent, de nourriture et de tribunes publiques pour exposer ses revendications. "
" La bonne conscience se paie très chère, " dit Jean Marc Le Bihan. Cette phrase en dit long sur notre regard face à cette situation. Des études scientifiques prévoient la naissance d'une famine internationale pour les années 2010 environ. Cette famine sera dûe à l'appauvrissement des terres cultivables à cause de la surexploitation des sols arables. Imaginons la vie, à ce moment-là, des 3 milliards de personnes qui souffrent déjà de malnutrition!
Parce que nous sommes dans le siècle des paradoxes, la fin de celui-ci est marquée par les inégalités, les faux besoins et les gaspillages, les découvertes et les destructions. Aussi importe-t-il plus que jamais que les humains reprennent en mains leurs existences, arrêtent de courber la tête, de marcher sans voir, de considérer le libéralisme comme unique moyen d'évolution économique.
LES SOLUTIONS
D'autres voies existent qui peuvent ramener l'humain vers son humanité, notamment la philosophie des nations autochtones des différents pays. En effet, celle des amérindiens du Canada, des USA, de l'Amérique centrale et latine nous montrent, depuis que nous les connaissons, des modèles basés sur l'humanisme. Au sein de leurs cultures respectives, il n'y avait ni pauvres ni malheureux. Le partage était un modèle de vie transmis de génération en génération. Qu'en est il pour nous aujourd'hui ?
Combien de pays aujourd'hui, qu'ils soient industrialisés ou en voie de le devenir, consacrent la majeure partie de leur budget au bien-être de leurs populations ? Combien, parmi les pays dits riches, sont prêts à diminuer leur financement à l'armement au profit de l'harmonie et de la paix ? Combien sommes-nous à être prêts à sacrifier une part de notre bien-être pour qu'il profite à tous ?
Il n'est pas de réponse simple à ces questions. La fin d'une ère approche et l'aube naissante d'un monde plus juste s'impose. Serons-nous capables de participer à son devenir ? L'humain redeviendra-t-il intelligent ? Réveillons-nous ! Agissons ensemble afin que cesse le pouvoir de quelques-uns qui, en ce paradigme, détruisent la planète et appauvrissent la vie dans le sens le plus large du terme.
N.B. Les éléments contenant les aspects économiques et géopolitiques de ce document sont extraits du Monde diplomatique de mai et novembre 1998, par Ignacio Ramonet.
(2) MONDIALISATION DE L'ÉCONOMIE
RÉSUMÉ
Le vide législatif international compensé par la loi des marchés subordonne le développement des peuples à une logique darwinienne où les nations faibles sont exclues.
LES FAITS
La réalité du pouvoir mondial échappe largement aux États. Tant il est vrai que la globalisation implique l'émergence de nouveaux pouvoirs qui transcendent les structures étatiques.
Boutros Boutros-Ghali, secrétaire général des Nations-Unies
L'argent prime. On consacre à son soin plus d'intelligence et de ressources qu'à secourir les hommes en difficulté dans le monde. Plus que jamais il devient dans nos sociétés le critère, le guide, la valeur suprême ; il fascine et aveugle.
Michel BeaudLES SOLUTIONS
Les problèmes politiques de l'hyperbourgeoisie se ramènent à un seul : combler le vide d'institutions qui pourraient, avec son accord, contrôler ses propres tendances suicidaires. Ici, l'universalisme démocratique est une perspective, qui passe par la construction d'instances mondiales à partir des fondations internationales actuelles. Une forme efficace de résistance des bourgeoisies civilisées et des classes moyennes cultivées consisterait à exiger la suspension des opérations de démoralisation des structures de culture (indépendance économique, solidarité sociale, recherche, éducation ), en préalable à la formation de structures paneuropéennes ou mondiales fondées sur le respect de la diversité des langues, des sociétés et des cultures. Autour d'un tel objectif, l'hyperbourgeoisie peut négocier sa future place avec les autres composantes du monde qu'elle contribue à unifier. Pour le meilleur ou pour le pire.
Denis DuclosDans cette nouvelle société de l'avenir nous seront libres de revenir à quelques-uns des principes... de la religion et de la vertu traditionnelle selon lesquels l'avarice est un vice, la pratique de l'usure est un délit et l'amour de l'argent est détestable.
Lord John Maynard KeynesLes nouveaux maîtres du monde n'ont jamais soumis leurs projets au suffrage universel. La démocratie n'est pas pour eux. Ils sont au-dessus de ces interminables discussions où des concepts comme le bien public, le bonheur social, la liberté et l'égalité ont encore un sens. Ils sont au-dessus de ces interminables discussions où des concepts comme le bien public, le bonheur social, la liberté et l'égalité ont encore un sens. Ils n'ont pas de temps à perdre. Leur argent, leurs produits et leurs idées traversent sans obstacle les frontières d'un marché mondialisé. À leurs yeux, le pouvoir politique n'est que le troisième pouvoir Fort heureusement, ici et là, au Nord comme au Sud, des intellectuels, des scientifiques et des créateurs n'hésitent pas à dénoncer le consensus asphyxiant, et à engager le combat intellectuel. Ils résistent, contestent, se rebellent. Ils proposent d'autres arguments, d'autres thèses pour échapper au contrôle des esprits et pour aider à transformer le monde. Ils nous aident ainsi à mieux comprendre le sens de notre temps.
Ignacio RamonetLes effets négatifs de la mondialisation ne peuvent être contrebalancés que par le renforcement de la coopération et de la consultation internationales, dans le cadre d'un nouveau système de valeurs morales qui privilégie le bien-être de l'homme et la justice sociale par rapport au matérialisme ambiant.
Pour canaliser les forces de la mondialisation, il faut mettre en place une sorte de super-autorité internationale, un « gouvernement mondial » veillant, au fil de la progression de la mondialisation, au respect des droits de l'homme et des travailleurs ainsi qu'à la protection de l'environnement.
Tout devient clair si nous revenons à l'analogie selon laquelle la race humaine devient progressivement « une seule âme et un seul corps ». Ne pas mettre en place cette autorité mondiale, penser que l'association actuellement floue des nations peut prémunir la majorité des hommes contre les effets pervers de la mondialisation, cela revient à suggérer qu'un corps peut fonctionner sans cerveau.
La Communauté internationale baha'ie
(3) MINUIT MOINS CINQ SUR LA PLANÈTE
Une
synthèse du livre d'Ignacio Ramonet : La géopolitique du
chaos,
édité en l998 par EDITIONS GALILÉE.
par
Loesha R. Lavoie
«
Quant à la mondialisation,
elle n'est ni une fatalité incontournable
ni un " accident " de l'histoire.
Elle constitue un grand défi à relever,
une sauvagerie potentielle à réguler,
c'est-à-dire, au bout du compte, à civiliser. »
Jean-Claude
Guillebaud
RÉSUMÉ
Sous le vocable de la globalisation des marchés, quelques deux cents cartels opèrent impunément et depuis peu, une véritable razzia planétaire par leur fusionnement. Ils empilent déjà dans leurs coffres le quart des profits de lactivité économique mondiale tout en employant moins de 1% des ressources humaines du globe. Fermement décidés à conquérir une part encore plus substantielle du marché, ils gagnent à leur cause différents gouvernements qui claironnent, sur des airs ex cathedra, les vertus de la nouvelle hégémonie socioculturelle et politico-économique quils exercent.
LES FAITS
ÉVOLUTION, INVOLUTION, RÉVOLUTION ?
« En cette fin du vingtième siècle, il n'est plus possible de persister à croire
que l'approche du développement économique et social,
née de la conception matérialiste de la vie,
puisse répondre aux besoins de l'humanité
[...]Cette crise économique sans précédent,
jointe à l'effondrement social qu'elle a contribué à provoquer,
témoigne de la faillite d'une certaine conception de la nature humaine. »
La Communauté internationale baha'ie
Supplantant graduellement le rôle des États et dérégulant avec leur support le marché de toute règle protectionniste, des conglomérats ultralibéralistes creusent ainsi de profonds sillons au cur de la planète, la vidant rapidement dâme et de substance, avertit Ignacio Ramonet dans Géopolitique du chaos, livre paru récemment aux ÉDITIONS GALILÉE.
À la direction du mensuel le Monde diplomatique, celui dont on dit qu'il devient les yeux et la conscience de la gauche du troisième millénaire observe de façon privilégiée les fibrillations de lorgane malade. À linstar des régimes totalitaires et en catimini dit-il, les nouveaux maîtres de la géofinance proposent des mesures étatiques qui, en pays démocratiques, rongent insidieusement nos droits civiques élémentaires comme laccessibilité à lemploi et des couvertures sociales décentes. Ce démantèlement du pouvoir au profit des capitalistes fait craindre pour la déconfiture complète dun système économique mondial aléatoire, puisquil repose sur les incessantes et imprévisibles fluctuations de marchés boursiers sans conscience ni loi. Dans ce paysage spectral domine les consortiums et conglomérats américains qui dictent au monde une pensée unique et anti-sociale ; notamment par leur emprise sur les mass médias : compétitivité à outrance, approfondissement des disparités, standardisation des styles de vie, matérialisme rampant, etc. «Ce sont les entreprises américaines qui profitent le plus de la mondialisation du commerce», avoue Monsieur Clinton avec bonheur.
Manque de profondeur, défaut de vision ? Pour illustrer le narcissisme qui habite une certaine intelligentsia, Ramonet rapporte quen 1993, au Sommet de la Terre de Rio, cinquante-deux Prix Nobel dénoncèrent lécologie comme
« lémergence dune idéologie irrationnelle qui soppose au progrès scientifique et industriel » !Dans une conférence qu'il prononçait au Musée de la civilisation le 21 mars 1996, il décrit la mentalité de ces seigneurs fauconniers :
Les nouveaux maîtres du monde n'ont jamais soumis leurs projets au suffrage universel. La démocratie n'est pas pour eux. Ils sont au-dessus de ces interminables discussions où des concepts comme le bien public, le bonheur social, la liberté et l'égalité ont encore un sens. Ils n'ont pas de temps à perdre. Leur argent, leurs produits et leurs idées traversent sans obstacle les frontières d'un marché mondialisé. À leurs yeux, le pouvoir politique n'est que le troisième pouvoir.
Sans comprendre le scénario de la mondialisation, dit-il, nous sommes perdus. Pour prendre de bonnes décisions, interagir socialement, influer sur les directions à donner aux institutions étatiques, protéger notre environnement et décider de nos vies, un minimum dinformation sur les enjeux périlleux actuels simpose. À ces enjeux, d'ailleurs, Ramonet donne enfin un visage et un nom, délimitant pour nous leurs contours, leurs origines et leurs effets, népargnant dans sa démonstration magistrale aucune partie du monde.
Si à la surconsommation succède sans transition une ère de privation, si à leuphorie de la fin de la guerre froide se substitue la désillusion, elles procèdent de diverses causes dont la principale lui semble être la perte des valeurs, du sens religieux, du sacré qui enfante des monstres :
la montée des cleptocraties et de la prédation humaine exercée à tous les niveaux du pouvoir ;
l'envahissement d'une monoculture à laméricaine appauvrissant le trésor culturel de lhum anité ;
la fascination populaire pour les rituels sportifs, les catéchismes idéologiques, arts divinatoires et déjections pornographiques qui comblent folies, peurs et pulsions ;
la reviviscence dun nationalisme obtus exacerbé par des discours ethniques qui parviennent à disloquer en États souverains des nations multiculturelles jusque-là harmonieusement soudées ;
la propagation d'un obscurantisme doctrinal par des fondamentalistes aux intérêts moins que religieux ;
la récession tribale des miséreuses populations tentées par lintégrisme islamique, l'aide internationale étant restée sourde et muette à leurs souffrances ;
le sensationnalisme éhonté des médias qui se servent de nos écrans comme de vastes amphithéâtres où projeter des spectacles à la gallo-romaine devant des consciences anesthésiées ;
lépuration ethnique nourrie par la passivité ou le mutisme d'une Organisation des Nations Unies aux structures obsolètes ;
lincurie des gouvernants occidentaux face aux effets pervers et transfrontaliers de pratiques industrielles anti-écologiques ;
etc.
Sur ces tréfonds de civilisation moderne en crise fleurissent effrontément dautres fleurs du mal.
LES « CADEAUX » DE LA DÉRÈGLEMENTATION
Sans plus de vigie pour exercer sa conscience, de credo pour déterminer sa conduite, une jeunesse et une population occidentales paumées se voient de plus en plus rapidement glisser vers la violence, le jeu, la drogue, le sexe et d'autres paradis artificiels entraînant des coûts sociaux et économiques énormes et dont on ne sauraient facilement se relever.« Réunis récemment à Genève, sept juges européens lançaient un appel angoissé
à la coopération entre les gouvernements pour tenter de contenir
une menace mortelle pour les démocraties.
Dans un gigantesque partenariat, le crime organisé,
appuyé par les pouvoirs politiques et les multinationales de la finance et des affaires,
pénètre progressivement tous les secteurs de l'économie mondiale,
imposant ses systèmes de corruption en se jouant de la légalité des Etats,
lesquels se laissent peu à peu grangrener. »
Michel ChossudovskyDans les poches dextrême pauvreté comme en Afrique noire et partout où on ne peut soffrir le luxe de tels exutoires, épidémies, famines, corruption, préjugés, abus, violence nourrissent le désespoir des populations urbaines déshéritées qui, ces dernières années, gonflent à vue dil.
Au mitan de la fracture sociale et plus près de nous cette fois, de « nouveaux pauvres » maudissent un système économique qui les a conduit à une telle extrémité, ne discernant que confusément les facteurs coupables.
Jusquà récemment abrités de ces calamités derrière leurs fonds de placement, des centaines de milliers de petits épargnants, partout sur la planète, se sont vus subitement frustrés de leurs avantages économiques légitimes. Au centre de la fragile toile financière tissée par eux au fil des ans, les attendaient les conglomérats spéculateurs dont on a parlé plus haut.
Mais pour les autres, ces petites et moyennes entreprises, encore embrigadées par le discours du libre marché ? Guerres commerciales, tactiques contrant les traités du libre-échange, alourdissement volontaire de la bureaucratie liée au commerce international, servent de moyens aux Etats-Unis pour les dissuader d'exporter.
LES SOLUTIONS
« Tout pour moi, rien pour toi ! » , voilà la nouvelle loi décriée par Ramonet. Mais à lactuelle anomie peut succéder, rappelle-t-il, une reconstruction sociale sur des bases plus égalitaires et plus saines : « [...] une fois encore un monde nouveau sannonce » car lessentiel ne réside pas « [...] dans le profit et le pouvoir mais le sens de la communauté et le respect de lautre. » Cependant, « [...] comprendre est un enjeu capital ».
Deux collaborateurs du Monde diplomatique, Michel Beaud et Gilles Dostaler, d'une plume trempée au même encrier, énonceront dans ses pages quelques mois plus tard, les conditions du sauvetage planétaire espéré par Ramonet :
Ce qui fait cruellement défaut, c'est une stratégie. Dans le monde actuel, cette stratégie ne peut être que multiforme et mise en uvre à une pluralité de niveaux, du local au mondial, par une large gamme d'acteurs. Sa cohérence ne peut venir que de la réaffirmation forte et solennelle de quelques valeurs fondatrices de notre humanité et du choix d'un petit nombre de lignes de force et de priorités [...] cela nécessitera que de nouvelles instances démocratiques soient inventées (notamment aux niveaux multi-national et mondial), que l'on apprenne à coordonner les différents niveaux d'action et que l'on réussisse à concilier diversité dans les démarches, et convergence dans les effets. Par-delà cette esquisse, l'essentiel est qu'on ne laisse dépendre l'avenir ni des marchés ni de puissances financières qui n'ont de comptes à rendre à personne et que, pour cela, puisse se construire un projet, un programme pour les premières décennies du XXIe siècle.
Pour reprendre la formule d'émules bien informées, si le communisme a échoué par « excès de régulations », il est fort possible que sans un coup de barre radical, le capitalisme échoue par « absence de régulations ».
À nous d'y voir !
(4) CHOMSKY ET LE MENSONGE MÉDIATIQUE
Résumé
de NECESSARY ILLUSIONS sur l'oeuvre pacifiste de Noam
Chomsky,
un documentaire télévisuel de NECESSARY ILLUSIONS
en collaboration avec l'OFFICE NATIONAL DU FILM DU CANADA.
«
Ceux qui leur ont crevé les yeux leur reprochent d'être
aveugles »
John Milton 1642
«
L'endoctrinement, contrairement à ce que pensent les naïfs,
n'est nullement incompatible avec la démocratie.
Il en est plutôt l'essence même. »
Noam Chomsky
par
Loesha R. Lavoie
RÉSUMÉ
Noam Chomsky est un pacifiste de la première heure. Dès l960, l'intellectuel américain, professeur universitaire et linguiste émérite, met en jeu sa position afin de dénoncer les abus du système démocratique américain. Avec courage, ardeur et une humilité qui fait chaud au coeur, il s'adressera pendant des décennies aux gens ordinaires, dans des mots ordinaires mais pleins de bon sens et fondés sur une masse de données qu'il ordonnera et interprétera de façon à faire la lumière sur ce qui constitue l'une des supercheries les plus dégradantes du système capitaliste : l'endoctrinement inconscient auquel il nous soumet.
LES FAITS
Par ses écrits, ses conférences et ses nombreuses apparitions publiques, Chomsky parviendra à alerter l'opinion publique quant au contrôle qu'exercent les acteurs politiques et économiques sur la pensée -la fabrication du consentement- par le tri arbitraire qu'ils font de l'information qui circule dans les médias.
Si certains détracteurs saluent l'écrivain comme un fumiste, d'autres le célèbrent comme « peut-être le plus grand intellectuel vivant », le « Copernic de notre temps », un « défenseur de la vérité ». À cet encensement, Chomsky réponds que la fabrication de vedettes ne vaut guère mieux que la fabrication du consentement.
Écrivain prolifique, ses théories sur la linguistique ont révolutionné des sciences comme la psychologie, la sociologie et la philosophie. Peut-être cet « Einstein de la linguistique » réussira-t-il maintenant à révolutionner la démocratie elle-même. Le documentaire télévisé Noam Chomsky, les médias et les illusions nécessaires est un rappel de scènes filmées pendant la longue croisade de Chomsky pour dénoncer la violence psychologique universellement imposée par le mensonge médiatique, notamment sur les peuples vietnamien, cambodgien et timorais.
L'ILLUSION DÉMOCRATIQUE
Le titre anglais du document télévisé, Necessary Illusions, provient d'un livre de Walter Lippmans publié en l921 : Public Opinion. L'auteur y énonce une théorie pour le moins étrange. Dans le meilleur intérêt de tous, la démocratie doit contrôler l'opinion publique, la façonner, car seuls les spécialistes sont à même de porter un jugement sain en ce qui concerne le bien de la majorité. Ce qui revient à dire que l'élite doit « fabriquer le consentement » de la masse pour l'asservir.
D'après Chomsky, on peut retracer l'origine de cette pensée dans une définition de la démocratie moderne qui remonte au l7e siècle en Angleterre. Le peuple s'oppose fermement à la gouvernance d'un Parlement qui ne soutient que la classe bourgeoise. Un démocratie élitiste s'installe bientôt à sa place. Sa philosophie ? Un peuple inculte doit être distrait, contrôlé et marginalisé pour son propre bien : « Des jeux et du vin ! »
Lorsqu'ils coloniseront l'Amérique, les Anglais maintiendront la même perspective arrogante : « Ceux qui possèdent le pays doivent le gouverner. », voilà la maxime des Pères de la démocratie. D'après Chomsky, qui est on ne peut mieux renseigné, les choses n'ont guère changées.
« Nous sommes empêtrés dans un filet de supercheries
dans une société où les vérités sont facilement étouffées. »
Noam ChomskyAfin de contrer la stupidité des masses, de nous réduire à l'apathie, le film démontre, preuves historiques à l'appui, que la presse a depuis belle lurette « recours à des illusi ons et des sursimplifications » dont nous faisons les frais. La classe politique d'abord, masse « relativement instruite, plus ou moins capable de s'énoncer et de jouer un certain rôle décisionnel » et dont le consentement est crucial. D'où, dit-il, l'importance de son endoctrinement afin qu'elle conserve l'illusion de contribuer au processus économique, culturel et politique. Le reste, plus ou moins 80% d'entre nous, population amorphe et consentante, suivons calmement le courant « sans penser ni prêter attention à quoi que ce soit ».
Ainsi réduits à l'état d'automates, sans la nécessité d'être maintenus sous contrôle par la coercition mais tout de même soumis et inféodés aux intérêts vicieux et particuliers d'une poignée de cartels financiers, l'ensemble des pays du monde est, prédit Chomsky, sur la pente d'une dissolution économique imminente.
Cette thèse, partagée par de nombreux observateurs, se voit de jour en jour confirmée par la chute inexorable du dollar. Or, cette crise économique était déjà prédite par Chomsky qui explique, dans ses derniers exposés, que la fluctuation insensée des capitaux entretenue par le silence des media et la voracité des capitalistes, ne peut mener nulle part ailleurs qu'à la faillite du présent système économique mondial, avec des séquelles environnementales, sociales et psychologiques désastreuses.
Mais comment sommes-nous devenus les jouets d'un tel démantèlement si ce n'est par l'adhésion à la doctrine capitaliste ?
« On intègre les valeurs et on s'imagine agir en toute liberté. »
Noam ChomskyAvec la patience et la minutie d'horlogers suisses, Chomsky et quelques amis de longue date démontrent, tout au long du film et avec force documents visuels à l'appui, comment s'est fabriqué notre consentement. Comment, tenus à l'écart des enjeux sociaux véritables par un contenu médiatique axé sur les nouvelles locales et le sport ou autres contenus destinés à plaire et à endormir le grand public, nous avons oublié que derrière l'écran se jouaient des drames humains insensés et auxquels nous participions par personnes interposées :
- Que des cartels extrêmement puissants et aux ramifications très diversifiées, qui occupent le sommet de la pyramide sociale des États-Unis, sont les réels propriétaires des grandes chaînes médiatiques ( CBC, CNN, le Washington Post, New York Time ), donc ceux qui fixent l'opinion des chaînes moins importantes à travers le monde, modelant le consentement partout sur la planète.
- Que leur intérêt portant sur le négoce international comme la vente d'armes, par exemple, il va de leur intérêt de mettre en place des hommes politiques chargés de protéger leurs visées mercantiles et de taire les faits de nature à discréditer les orientations gouvernementales américaines qu'eux-mêmes jugent utiles.
Dans notre société, les décisions capitales concernant les investissements, la production, la distribution, sont entre les mains d'un réseau relativement concentré de conglomérats, de sociétés de placement etc. Ces sociétés fournissent également le personnel clé du gouvernement. Ce sont elles qui contrôlent les media et qui sont en mesure de prendre les décisions. Elles jouent un rôle prodigieux dans notre manière de vivre dans la société. Dans notre système économique, par définition, elles tiennent le haut du pavé. Ce besoin qu'elles ont de satisfaire leurs intérêts impose de lourdes contraintes à l'appareil politique Ainsi, la fonction première des media aux Etats-Unis est-elle de mobiliser l'opinion pour servir les intérêts gouvernementaux et du secteur privé.
- Que c'est par de tels subterfuges que nous avons consciemment supporté la tragédie du Vietnam et contribué, parce que mal ou non-informés, au génocide du Cambodge et plus tard, à celui du Timor oriental.
- Qu'un système qui donne le droit de voter sans octroyer simultanément le privilège d'élaborer les politiques et de ratifier les décisions n'est qu'une fausse démocratie.
- Que c'est par un tel désengagement et par l'isolement de ses membres que les États totalitaires peuvent s'épanouir.
Mais l'asservissement économique, précise-t-il, tue aussi la démocratie. Quand on revient crevé du boulot, « on a pas le temps de faire des recherches on ouvre la télé et on y croit On se fait endoctriner même si l'info est là car il faut trimer dur pour la trouver ».
«
L'esclavage du salariat est intolérable.
On ne devrait pas être obligé de se vendre pour survivre. »
Noam Chomsky
LES
SOLUTIONS
LE PASSAGE FORCÉ DU POUVOIR VERS LA COLLECTIVITÉ
À ceux qui s'interrogent sur la façon de sortir de sortir du guet-apens dans lequel nous sommes tombés, Chomsky invite chacun à rechercher et à défendre la vérité, quelle qu'elle soit. D'abord en connaissant les rouages du pouvoir et « les filtres au travers desquels on fait passer la propagande » car, dit-il « la propagande est à la démocratie ce que la violence est à la dictature. » Aussi suggère-t-il de disséquer le fonctionnement de l'industrie de la communication afin de comprendre comment elle choisit ses sources et trie l'information :
Idéologies trompeuses, excès du pouvoir, coercition, servilité de l'intelligentia, désinformation [ ] remettent en cause la légitimité du système capitaliste [ ]. La grande question est de savoir par quel autre le remplacer [ ]. On ne peut lutter seul, assis chacun en face de sa télé. [ ] Quand on est unis, on peut construire. [...] On a besoin d'une organisation [ ] Le rôle des media n'est-il pas de protéger l'intérêt de la majorité en donnant accès à l'information et aux idées, de permettre au public de contrôler le processus politique [ ] en démocratisant les débats. [...] Ailleursl, j'ai accès aux media. Pas ici. On ne peut étayer un point de vue différent en étant concis. [ ] en moins de 60 mots [ ] dire quelques phrases entre deux pub !!!
Sur la question qui se pose, à savoir comment déjouer un système qui impose à la majorité sa loi, sa propagande, Chomsky réponds à peu près ceci :
- que la réforme du système, la restructuration du pouvoir, tient en ce que chacun cesse de collaborer passivement au système et crée, collectivement, les institutions capables de nous transformer spirituellement, de nous amener à une perception différente de nous-même et du rôle social que chacun a à jouer ;
- que nous avons la capacité d'entraîner des changements par l'action concertée et que ceci a été mille fois démontrée ; non seulement par les têtes d'affiche dont on célèbre gloire et mérites, Luther King et les autres, mais bien par tous ceux d'entre nous qui avons à coeur la reconstruction sociale sur des bases égalitaires et pacifiques ;
- que cela peut se faire si l'on reste fidèle à ses idéaux, qu'on acquiers l'indépendance intellectuelle nécessaire à l'observation objective des faits sociaux et qu'on se mette à défendre des valeurs plus saines ;
- que pour se prémunir contre un pouvoir, des institutions qui forcent à l'isolement, nous distraient de ce qui importe, il nous faut nous associer, nous unir aux gens partageant les mêmes valeurs ;
- qu'il nous faut sortir des cadres traditionnels, institutionnels pour rejoindre ces personnes et les faire interagir dans un milieu socio-communautaire propice ;
- qu'il nous faut suivre des exemples éminents comme les éditions collectives américaines South end press, le Zmagazine et Non corporate news , le réseau des media alternatifs étant l'un de ces lieux de pouvoir.
C'est dans des termes très puissants que le professeur Chomsky terminera son plaidoyer en faveur d'une démocratie basée sur la transparence politique et l' action communautaire :
La société industrielle s'est développée dans le cadre de certains mythes commodes. Le moteur de la société industrielle moderne, c'est le bien personnel, qu'on juge légitime et même méritoire, car les vices de l'un font la prospérité de tous, comme le dit l'expression.
On sait depuis longtemps qu'une société fondée sur ce principe finira par se détruire. Cette société durera, avec son lot de souffrances et d'injustices, tant et aussi longtemps que l'on prétendra que les engins de morts créés par les hommes sont en nombre limité ; que la terre est inépuisable et que le monde est une poubelle sans fond.
À ce stade de l'histoire, il n'y a plus qu'une alternative. Ou bien la population prends sa destinée en mains et se préoccupe des intérêts de la collectivité, guidée en cela par des valeurs de solidarité et d'altruisme, ou bien s'en sera fait de sa destinée tout court.
Aussi longtemps qu'un groupe dominera dans la société, il mettra de l'avant des politiques qui serviront ses intérêts. Mais les conditions de la survie, sans parler de la justice, nécessitent une planification sociale dans l'intérêt de l'ensemble, c'est-à-dire de la communauté globale.
La question est de savoir si l'élite doit asservir les mass media comme elle prétends devoir le faire ; notamment, en imposant des illusions nécessaires pour tromper la bête majorité ; la tenir à l'écart de l'arène des débats publics. Bref, il faut se demander si la démocratie et la liberté sont des valeurs à sauvegarder ou une menace à écarter.
Dans cette phase peut-être terminale de l'existence humaine, la démocratie et la liberté sont plus que des valeurs à chérir. Elles sont peut-être la clé de la survie.
(5) LES DESSOUS DE LA POLITIQUE AMÉRICAINE
Résumé
du volume Les dessous de la politique de l'Oncle Sam de
Noam Chomsky,
paru aux Éditions ÉCOSOCIÉTÉ en 1996.
«
À moins que vous ne voyiez clair dans nos combats acharnés
contre nos rivaux industriels et le tiers monde,
la politique étrangère des Etats-Unis semble être une série
d'erreurs hasardeuses,
de contradictions et de gestes désordonnés. »
Noam Chomsky
par
Loesha R. LavoieRÉSUMÉ
Ce volume de langue française résume, pour la première fois, la « pensée sociale » de l'auteur vivant le plus cité : Noam Chomsky, aujourd'hui septuagénaire. L'érudit, professeur agrégé enseignant au Massachusetts Institute of Technology depuis 1955, nous y convie à la compréhension des deux principes fondamentaux de la guerre économique instituée par les Etats Unis pour maintenir leur suprématie mondiale depuis la dernière grande guerre : « Les dévastations à l'étranger », « le lavage de cerveau à domicile », objets des chapitres II et III, l'ouvrage en comportant quatre.
LES FAITS
LE BON... SATAN AMÉRICAIN
Dans son premier chapitre, Chomsky nous administre un puissant collyre : des faits bien documentés, propres à inverser l'opinion bien ancrée que nous avons des USA perçus comme « les bons » et ses adversaires comme « les méchants ». Nous finissons par comprendre que les deux systèmes doctrinaires mondiaux, capitalisme d'État et États totalitaires, s'équivalent quant à la tyrannie exercée. Chez le premier, la production est assurée par des populations indigènes sous la coupe de macro entreprises affiliées au pouvoir. Chez le deuxième, le prolétariat est converti en « armée de travail » contrôlée par une force « rouge et brutale ».
La démonstration historique qu'en fait Chomsky débute pendant la guerre. Grâce à leur empire industriel, les Etats-Unis détiennent alors 50% de la richesse planétaire. Bien que ceux-ci ne représentent que 6.3% de la population mondiale, la super-puissance compte maintenir sa suprématie en subordonnant la planète aux besoins de son économie. Le plan de mise en uvre condamnera donc les pays industrialisés, Allemagne, Japon et les autres, à travailler sous férule américaine. Ils seront approvisionnés en matières premières par l'exploitation du Tiers monde, l'Amérique latine y venant en tête.
Au pays, cette structure de domination/exploitation sera supportée par un « capitalisme d'État axé sur les besoins des grandes entreprises ». C'est-à-dire par l'institution d'un État-providence répondant aux besoins de la classe privilégiée constituée, encore aujourd'hui, dit-il, de ceux qui:
- « orientent les décisions relatives aux investissements - à ce que l'on produit et à ce que l'on distribue
- pourvoient le gouvernement en personnel
- choisissent les planificateurs et établissent les conditions générales pour la mise en uvre du système doctrinal ».
Mais par qui et comment un tel plan démoniaque, « fondé sur l'exploitation et le vol », peut-il bien avoir été imaginé et réalisé, peut-on se demander ?
LE PETIT LIVRE ROUGE... DU CAPITALISME
Pour parvenir à leurs fins, les planificateurs d'après-guerre, notamment Georges Kennan, à la direction du secrétariat d'État américain jusqu'en 1950 -secrétariat responsable des activités secrètes du réseau américano-nazie Gehlen « qui avait rapidement absorbé nombre des pires criminels de guerre et avait étendu son champ d'action à l'Amérique latine et à d'autres parties du monde »- s'assureront que les sept fondements suivants de l'idéologie capitaliste soient respectés :
( 1 ) Dans les pays dévastés par la guerre, imposition d'une pyramide sociale à l'américaine, « le monde des affaires dominant, les travailleurs divisés et affaiblis, et le fardeau de la reconstruction placé carrément sur les épaules des classes laborieuses et des pauvres ». Le but ? Écouler la production industrielle et permettre l'investissement des gens d'affaires et des grandes entreprises qui soutiennent le pouvoir politique et qui constituent le noyau et le moteur de l'économie capitaliste américaine.
( 2 ) Pour exercer ce pouvoir arbitraire, installation d'États policiers dans tous les pays convoités, son personnel étant à la solde des USA et militairement conseillé par les meilleurs criminels de guerre, collaborateurs facistes et nazis recrutés à cet effet par le gouvernement américain qui deviendront pour plusieurs, « trafiquants de drogue, marchands d'armes, terroristes et " éducateurs " - enseignant aux paysans latino-américains les techniques de torture mises au point par la Gestapo ».
( 3 ) Afin qu'elle ne puisse servir d'exemple à d'autres, répression de toute velléité d'indépendance nationale, d'opposition populaire ou de résistance anti-faciste des peuples, aussi pauvres et aussi faibles soient-ils que le Salvador ou Haïti, le Laos ou Grenade au Nicaragua. Car « si vous souhaitez un système mondial subordonné aux besoins des investisseurs américains, vous ne pouvez laisser des pièces s'en détacher », précise Chomsky. Si des moyens « démocratiques » comme la propagande font l'affaire, tant mieux ! À défaut, la force, même bestiale sera utilisée. On installera donc en pays convoité, « un régime de sécurité nationale de type néo-nazi fondé sur la torture, la répression ». Si la population se cabre devant les traitements infligés ou échappe au contrôle domestique ? Un embargo, une intervention américaine armée ou le renversement pur et simple du gouvernement local mettra un terme à la rébellion, ce qui fut maintes fois démontré par l'histoire ancienne et récente.
( 4 ) De ce côté-ci de l'Atlantique, détournement de la vigilance des classes populaire et politique face aux génocides et crimes perpétrés partout sur la planète, en créant des diversions, telle le sentiment d'insécurité collective longtemps entretenu par l'agitation incessante du spectre de la menace nucléaire ; en alimentant la consommation effrénée ; en créant (parfois de toutes pièces) des dossiers socio-politiques masquant la réalité, bien plus cruelle.
( 5 ) Pour renforcer ces trompe-l'il, de la petite école jusqu'à l'université ; des mass médias jusqu'aux journaux d'opinion, diffusion d'un catéchisme politique à double sens, chargé d'entretenir à dessein la confusion et d'enraciner en chacun les vertus par lesquelles se maintient jusqu'ici le système : passivité, soumission à l'autorité, avidité pour le gain personnel, égocentrisme, crainte d'ennemis réels ou imaginaires. Ainsi, les institutions dominantes peuvent-elles agir en toute impunité, la pression publique étant gardée au minimum.
( 6 ) Subvention, à même la caisse publique de cinq secteurs d'investissement privé : militaire, pharmaceutique, technologies de pointe, biotechnologie et agriculture capitaliste intensive.
( 7 ) Pour écouler la production ainsi subventionnée, ouverture des frontières à une guerilla commerciale sans merci, avec démantèlement parallèle des couvertures et services sociaux jugés trop lourds par le Fonds Monétaire International ( FMI ) chargé, en vérité, de garantir des profits prodigieux à ces grandes industries.
De telles affirmations pouvant susciter la suspicion chez les lecteurs endoctrinés que nous sommes, aussi Chomsky ne manque-t-il pas de bien étayer sa thèse et d'avancer tout au long des preuves irréfutables à l'aide de documents du secrétariat d'État américain gardés longtemps secrets ; de memorandums de la Sécurité nationale ou d'autres recherches fiables. Un des faits qu'il rapporte -parmi les moins troublants- nous servira ici d'exemple.
DE ROUGE ET DE NOIR SONT TEINTÉES NOS... VICTOIRES
Nous sommes vers la fin de la guerre. Les nazis se retirent de la Grèce. Les troupes britanniques s'y infiltrent à leur tour. La population se révolte contre la corruption imposée. La Grande-Bretagne ne parvenant à réprimer le mouvement, les États-Unis interviennent :
[...] soutenant une guerre meurtrière qui fît environ 160 000 morts. Ce fut une guerre totale avec torture, exil politique pour des dizaines de milliers de Grecs,
« camps de rééducation » pour des dizaines de milliers d'autres, démantèlement des syndicats et impossibilité de retour à une politique indépendante. Ces actions livrèrent la Grèce pieds et poings liés aux mains des investisseurs américains et des hommes d'affaires locaux, tandis qu'une bonne partie de la population fut obligée d'émigrer afin de survivre. Au nombre des bénéficiaires se trouvaient des collaborateurs nazis, tandis que les grandes victimes furent les travailleurs et les paysans de la résistance antinazie, dirigée par les communistes. Le succès de notre opération de défense de la Grèce contre sa propre population servira de modèle à la guerre du Viêtnam - comme Adlaï Stevenson l'expliqua aux Nations unies en 1964. Les conseillers de Reagan utilisèrent exactement le même schéma en parlant de l'Amérique centrale, et la méthode fut appliquée dans de nombreux autres endroits.
LES SOLUTIONS
Sa conclusion sur la situation actuelle du monde ne laissera certainement personne indifférent. La voici :
Dans une économie mondiale conçue en fonction des intérêts et des besoins des grandes entreprises multinationales et de la finance internationale, ainsi que des secteurs qui les servent, la plus grande partie de l'espèce humaine devient superflue. Tous ces gens seront mis de côté si les structures institutionnelles du pouvoir et des privilèges continuent de fonctionner sans se faire remettre en question ou contrôler par les masses populaires.
Parlant des américains des 80-90, ceux-là même qui, tout comme nous, soutiennent inconsciemment ? aveuglément ? ce modèle de domination mondial, Chomsky annonce sans ambage que leur société « dérive vers un profil tiers-mondiste, avec des îlots de grande richesse et de privilèges dans un océan de misère et de souffrance ».
Reste-t-il un espoir, pouvons-nous nous demander ?
Depuis ces trente dernières années, commente-t-il, les choses ont changées. La population nord-américaine a défendu bien des causes par le truchement d'organismes populaires qui, selon l'analyste, restent les seules issues réelles, pourvu que leur action soit vraiment « soutenue et organisée ».
Quand à l'impact d'une telle action sur la destinée des autres pays, il faut savoir à l'avance que les tenants du pouvoir « fulminent contre les " excès fascistes " de ceux qui préconisent le respect des autres peuples et des autres cultures. » Mais, dira-t-il plus loin :
« Ces lois ne sont pas des lois de la nature. Les processus et les institutions qui les engendrent pourraient être modifiés. Mais cela exigera des mutations culturelles, sociales et institutionnelles énormes, comportant l'adoption de structures démocratiques qui iront bien au-delà du choix périodique de représentants du monde des affaires pour gérer les questions domestiques et internationales ». « Ce que souhaite la population » ajoute-t-il, est « une possibilité réelle de progrès vers une société plus juste, où il existerait un contrôle démocratique sur les institutions fondamentales et un intérêt réel pour les besoins et les droits des êtres humains ».
Sans doute pour nous donner le courage de surmonter la peur et l'inertie, il termine son exposé sur cette note déterminante :
« Il y a chez-nous, ici même, un tiers monde qui prend de l'ampleur. Il y a des systèmes qui exercent une autorité usurpée dans toutes les sphères du monde social, politique, économique et culturel. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, nous devons nous attaquer au problème de la protection d'un environnement qui puisse nous permettre de vivre une existence décente. Nous ne savons pas si un effort sérieux et appliqué sera suffisant pour résoudre et même atténuer des problèmes de cette envergure. Nous pouvons être sûrs, cependant, que l'absence de tels efforts signifiera le désastre ».
OUVRAGES
DE NOAM CHOMSKY
ET GROUPES DE DISCUSSION AVEC LUI :
Les dessous de la politique de l'Oncle Sam, Écosociété/EPO/Le Temps des Cerises, 1996.
Idéologie et pouvoir, Bruxelles, EPO, 1991.
L'An 501 -La conquête continue- Montréal, Écosociété/Bruxelle, EPO, 1995.
Un monde complètement surréel, Montréal, Éditions et diffusion l'Aide mutuelle-ÉDAM, 1996.
Class Warfare (entrevues avec David Barsamian), Monroe, Common Courage Press, 1996.
Secrets, Lies and Bureaucracy (entrevue avec David Barsamian), Odonian Press, 1994.
World Orders Old ans New, Columbia University Press, 1994.
Language and responsability
Language and politic
Problem of knowledge and wisdom
Dialogues on the psychologie of language and thought
The generative enterprise
The case against B.F. Skinner
«
Avec la mort du communisme, beaucoup craignaient que
les jeunes n'aient plus de combat à mener.
La défense de notre planète en est un,
un beau combat, mais un combat urgent. »
Hubert Reeves
par
Guy Demonteil
RÉSUMÉ
Nous approchons de l'an 2000. Une nouvelle ère s'ouvre devant nous. Face à ce nouveau millénaire, nous serons nombreux à faire la fête et nombreux à émettre des voeux. Mais non plus pour une simple année, pour un millénaire. À 0H01, le monde se remplira d'un gigantesque espoir où le rêve et l'imaginaire seront les vecteurs d'un grand élan du coeur. Mais qu'en sera-t-il au lever du jour ?
FAITS ET SOLUTIONS
Qu'en sera-t-il dans les heures et les jours qui suivront l'arrivée du troisième millénaire ? Le lever du jour viendra-t-il une fois de plus effacer tout cela ? !
Cet immense espoir sera ce que nous en ferons !
A nous, jeunes générations, de reprendre le flambeau, nous qui allons aborder ce nouveau millénaire, nous qui avons de l'enthousiasme, et de l'ardeur, nous qui pouvons faire parce que nous croyons encore. Nous, enfin, qui avons la chance de vivre un événement fabuleux, c'est-à-dire connaître la fin et le début d'une nouvelle ère.
Que ferons nous face aux événements du passé ? Que souhaitons-nous pour l'avenir ? ! !
L'important n'est plus ce que nous avons fait mais ce que nous allons faire.
Il n'est plus temps de juger et de tirer des constats, le temps est venu de prendre des décisions.
Allons-nous continuer à maintenir, voire amplifier le système que nous ont laissé nos grands-parents et parents, un systeme qui ne crée que beaucoup de misère pour qu'un minimum de gens puissent profiter de tout ?
Choisirons nous d'accepter les règles et principes édictés par quelques-uns
pour protéger leurs profits et leur petit monde de privilèges, où allons-nous rejeter tout cela, relever la tête pour construire de nouveaux contrats sociaux qui puissent permettre au plus grand nombre de trouver et de prendre leur place ? ! !
Le monde d'aujourd'hui, nous le devons à nos grands-parents et parents. Les enfants d'aujourd'hui nous devront leur monde d'adulte de demain. Les nations amérindiennes de l'Amérique (Canada, USA, Amérique centrale et latine) disent : " Nous empruntons la Terre à nos enfants. Les décisions d'aujourd'hui sont prisent pour sept générations. " Nous aurions sans doute mieux fait de les écouter. Pour apprendre ! Nous avons choisi de les massacrer... ! ! !
Quel monde souhaitons-nous avoir demain ? Ce que nous ferons ou ne ferons pas aujourd'hui fera l'avenir. Beaucoup de jeunes entre 15 et 35 ans sont pris dans le système alors que des personnes de plus de 40 ans continuent à chercher à le changer, disent non et relèvent la tête.
On dit que la force de la jeunesse réside dans son souhait et son pouvoir de faire changer les choses, de refaire le monde... Laisserons-nous aller les choses ou oserons-nous enfin prendre notre destin en main ? ! !
Combien sommes-nous à croire que nous pouvons encore faire avancer les choses, à penser qu'il est importent de rendre à l'humain sa place, à évoluer et à essayer de vivre en respectent la vie, que celle-ci soit humaine et naturelle ?...
Combien sommes-nous à être prêts à ne plus enrichir les plus riches en appauvrissant les plus pauvres ? Combien serons-nous à nous soulever face à ces injustices, face au pouvoir de l'argent et à la corruption que celui-ci entraîne, face au racisme grandissant de part le monde et qui trouve ses racines en Europe ? Allons-nous laisser l'Histoire recommencer, le mal renaitre de ses cendres ? ! !
Petit rappel historique :1914 - 1918 : 11 millions de morts.
1939 - 1945 : 20 millions de morts.
70 ans de dictature communiste... 100 millions de morts...
Et enfin et surtout : 500 ans d'humiliation... de spoliation... de génocide sur l'ensemble du continent américain aboutissant à 20 millions d'amérindiens massacrés...
Il en est de même pour l'Afrique, l'Australie et l'Asie.
Combien de génocides seront encore nécessaires pour permettre aux nouvelles générations de prendre conscience et de changer les choses ?
Le racisme grandit partout. Les théories sur la pseudo-suprématie de la race blanche fleurissent à nouveau. La stupidité humaine semble tenace !
Il nous revient le devoir d'agir, nous jeunes générations, de s'opposer à cela. Non par la force et la violence mais par la réflexion, la culture et la discussion.
L'avenir est devant nous, il nous appartient !
Je rêve d'un monde où le soleil brille chaque jour pour tous, qu'il soit dans le regard de tous, d'Australie au Canada, de Moscou au Brésil.
Nous quittons un siècle triste où les plus grandes avancées humaines sont effacées par les massacres et les destructions.
Je rêve d'un monde où il fasse bon vivre, où la nature soit belle, protégée et respectée, où les enfants puissent vivre sans risquer leur existence, un monde ou ils soient les rois.
Je crois que les rêves peuvent devenir réalité.Je crois que nous pouvons, nous, les jeunes générations, prendre l'avenir en main.
Notre avenir !
Les choix que nous ferons feront l'avenir ou le détruiront. Car combien de temps durera le système actuel ?
Je rêve d'un monde où l'homme redevienne Humain.
Que l'avenir soit !
(7) Un moment historique à ne pas manquer
Lettre publiée dans le quotidien LE SOLEIL de Québec,
le samedi ler août l998, sous la rubrique OPINIONS en page A 17.par
Loesha R. Lavoie
RÉSUMÉ« À lère des communications et des holocaustes instantanés autour du globe, le système politique international est en grande partie devenu désuet. Cependant, notre narcissisme national saccroche à nos idées démodées sur la souveraineté et nuit à la mise en place dun mécanisme efficace pour assurer la paix internationale. »Scott Peck, Les gens du mensonge, page 265
FAITS ET SOLUTIONS
Sincères félicitations !
Au niveau international, le Canada a dernièrement soutenu deux objectifs cruciaux qui sont maintenant atteints : labolition de lusage des mines anti-personnelles et la création dun Tribunal international pour le jugement des criminels de guerre.Serions-nous en train de prouver au reste du monde notre capacité damener la Communauté internationale à lévénement qui pourrait être célébré dans le futur comme la consommation de ce siècle : la signature dun pacte universel garantissant le droit, pour chaque habitant de la planète, de vivre dans lharmonie et la paix ?
En tout cas, si un arbitrage ou une répression coercitive immédiate était assurée par un tel Tribunal dordre supra-national lorsquun quelconque pays bafoue la paix ou les droits humains, que cela soit le fait de lanimosité raciale, religieuse et ethnique, de loppression économique ou de pratiques sociales qui sont un outrage à la dignité de la personne, cela permettrait non seulement de sauver des peuples du génocide, de la tyrannie et de la déchéance mais de récupérer des sommes prodigieuses à des fins humanitaires, de développement durable et déducation.
Pour nous, pays riches, cela pourrait signifier (pourquoi pas) la prescription de lois à même de mettre un frein à l'âpreté des trusts et des capitalistes en les amenant à un partage plus équitable des profits.
Toutefois, une telle mobilisation en vue dinstaurer la paix sociale et économique exige une élévation de la conscience de groupe et individuelle ainsi quune volonté commune et indéfectible de lensemble des pays dappliquer des législations correspondant aux besoins de cet âge.
À titre dexemples et à mon avis personnel, les gouvernements du monde ne peuvent se laisser guider plus longtemps par le credo du néolibéralisme au profit des mieux nantis ni sopposer à lingérence de la Communauté internationale pour bannir guerres fratricides et autres atrocités du genre.
Lever la bannière de la paix universelle avant la fin de ce siècle est le choix à faire : ensemble !
Attendrons-nous dy être contraints par des événements catastrophiques dune ampleur encore inimaginable ? Le système économique mondial, ce colosse aux pieds dargile, montre des signes d'essoufflement qui ne laissent personne indifférent. Serait-il en train de s'effriter ? Les dérèglements climatiques actuels, la destruction de la couche dozone et lappauvrissement de la biodiversité sont des signaux que rien ne va plus dans notre système de valeurs ; que notre civilisation matérialiste, qui saigne à blanc le reste du monde, approche du point de rupture et que seule une intervention impérieuse et massive amoindrira limpact négatif de nos choix passés sur lenvironnement et la société.
Afin den évaluer lurgence, souvenons-nous quon attribue la disparition des civilisations à quatre facteurs principaux : les impôts abusifs, le déclin de lagriculture, la corruption politique et la déchéance générale des murs.
Aussi, jose croire que lesprit de décision manifestée dernièrement par les pays signataires des deux mesures citées en début darticle atteste ouvertement de notre volonté de faire mentir la prédiction à laquelle nous pourrions aisément arriver, ainsi que de notre capacité de prendre fermement en mains les rennes de notre destinée afin que nous ne manquions pas, encore une fois, un fabuleux rendez-vous avec lHistoire.
par
Pascal Grenier, écologisteLettre publiée dans le quotidien LE SOLEIL de Québec,
le samedi 23 octobre l998, sous la rubrique OPINIONS du cahier B.
RÉSUMÉPour une meilleure stabilité économique, l'analyse des priorités devrait d'abord porter sur les facteurs humains et environnementaux.
FAITS ET SOLUTIONS
Aux soins de :
Parti québécois
Monsieur Lucien Bouchard, Premier Ministre et chefParti Libéral du Québec
Monsieur Jean Charest, chefAction démocratique du Québec
Monsieur Mario Dumont, chef
Messieurs,Dabord, toute ma gratitude et mon admiration pour les rôles que vous jouez en politique. Il sagit là, à mon point de vue, de responsabilités parmi les plus difficiles à assumer dans nos sociétés. En effet, la politique en général et vos postes en particuliers sont très exigeants en terme de disponibilité, déquilibre personnel et de résistance à la critique.
À un moment où vos partis respectifs songent à se préparer une plate-forme électorale, il mest apparu opportun de vous soumettre quelques éléments de réflexion sur les priorités que nous avons eu, en tant que société québécoise, ces dernières années et tenter dinfluencer peut-être les prochaines.
Léconomie et la création demploi a été fixé comme priorités lors du dernier mandat et il semble que le domaine de la santé sera la prochaine. Comme plusieurs, je crois que léconomie et laspect social, se matérialisant par la création demploi ou la santé, soient importants mais, à mon avis, notre gouvernement devrait se doter dune orientation que je qualifierais de " plus équilibrée ".
En effet, lÉtat ne peut mettre laccent sur un ou deux domaines particuliers, sans forcément en négliger dautres. Je crois que nos sociétés modernes doivent rechercher un nouvel équilibre des préoccupations économiques, sociales et environnementales qui a dailleurs été décrit récemment au niveau international par le terme " développement durable ". Au Québec, cette approche a été adoptée jusquà date dans le discours mais il reste à lintégrer dans la réalité, cest-à-dire davantage dans les gestes concrets.
Dans ce contexte, à mon point de vue, notre société donne actuellement beaucoup trop dimportance à léconomie. En effet, même si nous avons un des niveaux de vie les plus élevés au monde, nous mettons encore cette préoccupation comme première priorité. Pourtant, si nous y pensons bien, notre niveau de vie et la consommation qui le caractérise, ne peuvent être généralisés à léchelle de la planète. Lépuisement des ressources, et la pollution que cela engendrerait ne peuvent être raisonnablement envisagés. De même, les disparités dans la répartition des richesses et les troubles sociaux souvent conséquents laissent prévoir un avenir bien sombre. Une vision planétaire nous indique de plus que, même si nous ne sommes actuellement que quelques centaines de millions de personnes à être matériellement développés, nous avons déjà provoqués des effets significatifs à léchelle planétaire (climats, ozone, océans, etc.). Comment alors cela sera-t-il dans quelques dizaines dannées (et ceci nest que du court terme) lorsque la population sera de 10 milliards ?
Les futurologues prétendent même que les pays dits sous-développés (dont plusieurs sont en plein développement) ne pourront atteindre notre niveau de consommation sans compromettre la survie même de lespèce humaine ou du moins son bien-être. Il serait donc même sage denvisager, dès maintenant, de réduire notre niveau de vie dans ce contexte pour sadapter et pour servir de modèle à ces sociétés.
Par contre, vous me direz que les gens réclament sans cesse de plus hauts salaires et que le consommateur semble insatiable. Cet appétit pour " lavoir " est attribuable, à mon point de vue, en grande partie à laction très stimulante de la publicité et de lémulation provoquée par les hauts salaires et il y aurait beaucoup davantages à réorienter cet appétit vers " lêtre ". En effet, ce que les gens recherchent, dans le fond, cest dêtre heureux. Or, la possession de biens matériels nest quune composante du bonheur. Bien quil faille un certain niveau économique pour satisfaire ses besoins essentiels, il y a plusieurs autres facteurs de bonheur. Jusquà date, nos gouvernements ont assumé quen fournissant essentiellement le cadre économique, un développement harmonieux sensuivrait. À mon point de vue même le gouvernement doit adopter et promouvoir maintenant des valeurs telles que lamour, le respect, la reconnaissance, la solidarité, le développement personnel et collectif, lautonomie, léquité, la convivialité, etc., toutes des composantes de lêtre.
Ladoption de priorités plus équilibrées comprenant lensemble des facteurs importants (social, environnemental et économique) mapparaît donc essentiel pour assurer le cadre de développement individuel et collectif le plus propice. Comme tout individu doit rechercher léquilibre personnel pour connaître son plein épanouissement, lÉtat ne doit-il pas nous donner lexemple à ce niveau pour créer lharmonie dans la société ?
Vous accepterez, de bon gré jespère, que je soumette cette lettre aux médias vu lintérêt public du sujet.
Veuillez agréer, Messieurs, lexpression de mon respect et de mes meilleurs sentiments.
Cet article s'inspire d'un important Rapport remis
au CLUB DE ROME en 1996 : Facteur 4.par
Loesha R. LavoieRÉSUMÉ
Une planète fertile mais fortement anémiée peut encore répondre à nos espérances de bonheur si nous cessons sur-le-champ de la saigner. Les Éco-villages sont des représentations actuelles de ce que peut être un demain plus humaniste.
« Au nom du Club de Rome, j'exprime l'espoir sincère
que ce nouveau rapport nourrira les discussions internationales
entre les décideurs et entre les experts. »
Ricardo Diez Hochleitner, président du Club de Rome
LES FAITS
Imaginons un monde à refaire avec très peu de moyens, un partage équitable, le respect de la nature et des humains, dans un but d'épanouissement individuel et collectif et non pour la satisfaction de l'égo, ce qui sous-tend l'éveil des consiences.
LES SOLUTIONS
Nous sommes en 2005. La raréfaction des ressources s'amplifie, les problèmes écologiques et humains s'intensifient. Des groupes alternatifs et proactifs proposent d'autres modèles à la surconsommation et au gaspillage des ressources qui mènent tout droit à la catastrophe, clament-ils. Comités de citoyens et organismes communautaires sont alertés. Mouvements écologiques, experts en développement durable, ouvrages spécialisés sont consultés. On décide de s'organiser régionalement. À la fin d'une série de consultations démocratiques habilement menées, on s'associe à une idée audacieuse : la création d'un éco-village modèle.
On fixe les paramètres éthiques d'un avant-projet de construction. Vu l'urgence, les priorités vont à ce qui conditionne le plus favorablement humains et écosystèmes : santé-nourriture-travail-abri et bio-diversité. De façon soutenable et responsable. Avec réduction drastique des pollutions et destructions multiformes. Pour une qualité de vie optimale mais à des coûts égaux ou inférieurs au marché régulier.
Des promoteurs sont trouvés ainsi qu'une clientèle-cible. Bientôt, en pleine nature, naît un premier Éco-village aux quartiers esthétiques et animés. Il fait foi d'une toute nouvelle dynamique collective ; du parti-pris écologique des promoteurs, urbanistes et citoyens participants. Ses caractéristiques sont les suivantes :
- Des services d'utilité publique se regroupant stratégiquement au coeur du village, tout au plus à cinq minutes des maisons mitoyennes ou unifamiliales.
- Des zones agricoles, des ceintures vertes et des vergers alternant avec les constructions.
- Une population s'adonnant largement à la polyculture vivace comme métier ou comme passe-temps : sont cultivés côte à côte des plantes qui s'assistent mutuellement, éliminant ainsi labours, semis, arrosages, engrais et pesticides. Fertilité et rendement sont décuplés par l'absence d'érosion, d'infestations et de maladies alors que l'implication est minimale.
- Développement de la miniculture bio-intensive pour répondre sur place aux besoins nutritionnels d'une population majoritairement végétarienne (2 à 4 milles mètres carrés par habitant) ; choix de plantes avares en eau et installation de systèmes d'irrigation efficaces. Donc, nul besoin de pesticides ou de fertilisants chimiques, production accrue du double, consommation d'énergie réduite à 1%, consommation d'eau de 12%, investissement minimum : terrain, outils manuels.
- Mise à l'écart des rues étroites asphaltées ainsi que des mini-garages à l'arrière des maisons et allées piétonnières bordées de bosquets fleuris et d'arbustes odoriférants devant afin d'assurer paix, intimité et sécurité tout en incitant à la vie extérieure.
- Circulation automobile réduite pour limiter le bruit et la pollution atmosphérique. Valorisation des déplacements avec moyens non polluants ( vélo, cheval, roller..), mais aussi les transports en commun, le covoiturage et l'automobile collective. Utilisation de l' Hypervoiture à propulsion électrique hybride maintenant disponible.
- Permission d'exercer un travail professionnel ou d'opérer un commerce privé dans les quartiers résidentiels pour raccorder le travail à la vie familiale, fournir un achalandage intéressant, réduire les déplacements, conférer un visage social et animé à cet habitat auquel une population jeune et active pourra s'identifier aisément et rapidement.
- Réduction de la consommation d'eau domestique à 10% : utilisation d'eau de pluie à toutes les fins sauf alimentaires ; traitement biologique des eaux grises ; évacuation naturelle des eaux usées ; toilettes à compost sans eau ; pommes de douche Min-Use.
- Choix de matériaux de construction écologiques, durables et efficaces : plastique Belland recyclable au lieu du PVC ; brique, terre cuite et bois, notamment des panneaux BellComb fortement isolés qui épargne 85% du bois tout en permettant à deux hommes non expérimentés de monter le squelette d'une maison en quelques heures, tel un jeu de construction, tout en rendant la résidence hermétique, ignifuge et facile à isoler grâce à des couches de mousse ajoutées aux panneaux.
- Climatisation et illumination naturelles, insonorisation et isolation maximales assurées par une orientation au sud et l'utilisation de Superfenêtres isolant tout autant que douze couches de verre par temps glacial ou torride. Au besoin, climatiseurs Supersymmetry, les plus performants au monde, sinon utilisation du Système White Cap de Davis Energy Groupe.
- Équipements collectifs et particuliers ainsi que services garantis d'éco-qualité : chambre froide FRIA couplée à un chauffe-eau Zeotech ; ampoule fluocompacte d'une durée dix fois supérieure à l'ampoule à filament ; ordinateurs portables et silencieux pour économiser l'énergie (on peut les mettre facilement sous clé) ; imprimantes et télécopieurs à jet d'encre plutôt que laser plus gros, coûteux et moins fiables pour une qualité d'image équivalente, et question d'économie énergétique ; courrier électronique plutôt que postal ; réunions virtuelles plutôt que réelles et ainsi de suite, tout ce qui permet de sauver du temps, des sous et l'électricité.
Trop beau pour être vrai, croyez-vous ? Lisez Facteur 4 :
« Les exemples proposés dans cet ouvrage constituent
une invitation pressante aux lecteurs, que j'espère nombreux,
à prendre des initiatives dans leur vie de tous les jours,
en montrant qu'une gestion plus économe des ressources
est possible et devient acte de citoyenneté. »
Bertrand Schneider, secrétaire général du Club de RomeToutes ces formules, techniques et produits existent bel et bien et ont été largement testés et appliqués avec un succès étonnant dans des " Villages urbains " (ou Éco-villages) comme Laguna West à Sacramento, Haymount en Virginie, et le Village Homes de la ville de Davis, aux États-Unis.
(10) Éthique et gouvernance globale
par
Loesha R. LavoieRÉSUMÉ
Le saut quantique attendu dans le statut des Nations,
ou ce qu'on appelle « la gouvernance mondiale », doit se faire de pair avec un bond évolutionniste des consciences ; dans l'IMMÉDIAT et dans l'intérêt de TOUTES les nations.
« Le progrès de la civilisation ne réside pas dans la multiplication des besoins matériels mais
dans la restriction volontaire et délibérée des désirs,
seule base du vrai contentement qui rend l'homme capable de servir l'humanité.»
Paul-Marc Henri, ambassadeur de FranceLES FAITS
Bien des préoccupations pressantes sont à l'agenda des nations cette dernière décennie :
. Réchauffement planétaire
. Crise énergétique
. Sécurité alimentaire insuffisante
. Crise en matière de dette
. Poursuite de la course aux armements
. Inégalités criantes entre riches et pauvres
. Montée des guerres civiles
. Conflits interethniques
. Violence
. Etc.LES SOLUTIONS
Les massacres au Kosovo, la tuerie de Littleton, la désertification, la « mondialisation de la pauvreté » n'ont rien de virtuel. Ce sont des réalités qui ont leur source dans de faux choix, choix qui dénotent l'avilissement dans lesquels on peut sombrer sans l'apport d'une discipline morale issue d'une spiritualité éclairée. C'est du moins autour de cette notion que les nations gravitent maintenant lorsqu'elles recherchent une cause générique à la crise mondiale.
« Si elle ne s'abreuve pas à la source de valeurs morales et spirituelles capables d'orienter son dynamisme, la société mondiale vers laquelle nous allons risque simplement de ne pas exister. »
Très conscients du bien-fondé de cet avertissement lancé par le Club de Rome dans Questions de survie, volume faisant suite à son célèbre Halte à la croissance, les 180 représentants des nations présents au Sommet mondial de Copenhague signent, en mars 95, un engagement que l'on peut définir comme les bases d'une nouvelle éthique mondiale en matière de développement social :
« Nous, chefs d'État et de gouvernement, souscrivons à une conception politique, économique, éthique et spirituelle du développement social fondée sur la dignité humaine, les droits de l'homme, l'égalité, le respect d'autrui, la paix, la démocratie, la responsabilité mutuelle et la coopération, et le plein respect des diverses valeurs éthiques et religieuses et des milieux culturels des populations. »
Un mois plus tard, c'est au tour des hauts dignitaires de neuf grandes religions
(hindouisme, sikh, bouddhisme, jaïnisme, taoïsme, judaïsme, christianisme, islam et foi baha'ie) de se réunir au Sommet de Windsor pour réfléchir sur le thème de la conservation de la nature à l'invitation du Fonds mondial pour la nature (WWF). Y est alors exprimé le même constat :« Nous commençons à comprendre que c'est la force morale et spirituelle des enseignements religieux, en même temps que des mesures pratiques et scientifiques, qui résoudront en fin de compte les problèmes du monde. »
Ainsi un consensus se crée-t-il autour du concept voulant que les problèmes sans nombre auxquels l'humanité fait face ont pour cause première, le rejet des valeurs universelles qui fondent le bonheur humain et entre humains. C'est-à-dire l'adhésion à une éthique qui dépasse la seule dimension personnelle et que nous pourrions évoquer comme l'acquisition de la sagesse, le développement d'une philosophie de vie qui commande la loyauté envers tout ce qui peuple l'univers, l'acquisition d'une perception holistique de la vie.
D'autre part, des mesures écologiques d'avant-garde mises à l'essai partout dans le monde prouvent qu'une saine gestion mondiale des ressources est possible. Il suffirait seulement de créer, d'URGENCE, une instance SUPRA-NATIONALE -NEUTRE- chargée de les faire universellement appliquer, dont la Charte des Droits de la Personne. Car sans code d'éthique international, sans une législation universelle de l'économie de marché, les grands exploitants commerciaux continueront de s'adonner impunément au vol et au saccage de la planète au vu et au su des dirigeants. C'est du moins en ce sens que le généticien Albert Jacquard dirige sa remarque lorsqu'il accuse l'idéologie néo-libérale d'être le vecteur de l'auto-destruction des nations :
« Les richesses naturelles, renouvelables ou pas, constituent d'abord et avant tout un patrimoine planétaire que nul État n'a la légitimité de céder, de laisser dilapider ou de laisser dévaster par des intérêts privés, même au nom d'une vision, d'ailleurs à courte vue, de la lutte contre le chômage. [ ] Il faut que cela soit géré par un super-État. La vraie mondialisation, c'est ça. Cette gestion doit englober autant le pétrole, non renouvelable, que l'eau et les forêts. Ça ne peut plus être géré par les États, trop petits et souvent trop vulnérables devant les grands intérêts économiques. Il faut penser à une gestion par l'ONU, entrevoir une gestion planétaire des ressources. [ ] Tout ce que l'OCDE a réussi à trouver, c'est l'AMI, le prototype même de ce qu'il faut éviter. [ ] Ce projet visait à créer un pouvoir au-dessus des États pour le confier non pas à un super-État, qui représenterait tous les humains, mais à des entreprises privées dont le seul objectif est la rentabilité. C'est de la folie ! Que des gens intelligents à l'OCDE aient pu, pendant plusieurs années, étudier un tel projet et le présenter comme un développement favorable à l'humanité traduit en réalité la myopie d'une classe dirigeante soumise au néolibéralisme. »
En somme, il faut aller vers une solution spirituelle des problèmes socio-économiques puisque l'absence d'éthique est la racine commune des maux énumérés plus haut. Plus nous tarderons, plus la Transition vers une société humaniste sera pénible, devenant même, le point de non retour atteint, une question de survie. Cette fois, non seulement pour les Zaïre, Rwanda, Timor oriental et autres nations minoritaires, mais pour l'ensemble des nations de la planète.
C'est dans l'action communautaire, la simplicité volontaire, l'adoption d'une éthique planétaire ainsi qu'une gestion globale que nous pouvons le mieux envisager l'avenir.
D'un point de vue social, il nous faut redéfinir nos priorités, redéfinir nos contrats sociaux et redonner une place aussi bien à l'ensemble des humains qu'à la vie naturelle, qu'elle soit minérale, végétale ou animale.
D'un point de vue matériel, accepter de consommer mieux et moins. Accepter de cultiver biologiquement pour nos besoins plutôt que de produire à grande échelle. Consommer ce que l'on peut produire sur place. Tout ceci afin de diminuer les coûts financiers et écologiques associés aux émissions de gaz carbonique lors du transport, ce qui entraîne l'un des problèmes planétaires les plus importants et dangereux, l'effet de serre, et afin de diminuer la destruction de la couche d'ozone par l'usage des organo-chlorés et autres polluants chimiques.
D'un point de vue spirituel, nourrir une loyauté envers tout ce qui peuple l'univers, humains compris : explorer son monde intérieur plutôt qu'exploiter abusivement la planète ; respecter et même chérir les différences complémentaires entre âges, sexes, cultures et croyances qui font foi des diverses facettes de la réalité humaine ; travailler en partenariat sur des objectifs salutaires à tous plutôt que de centraliser le pouvoir entre quelques mains intéressées ; envisager la biosphère comme une entité globale qui supporte la vie d'une mosaïque humaine dont chaque pièce est vitale à l'ensemble, plutôt que de dilapider le patrimoine universel au profit d'entités économiques dénuées de tout souci éthique.
Alors et alors seulement verrons-nous fleurir l'Ère Nouvelle chantée par les troubadours de la Paix universelle, les militantistes de la Démocratie,les tenants de l'Age d'Or promis.
Nous qui sommes présents aujourd'hui, nous qui sommes à l'orée de la Terre Promise, il nous faut bâtir cet avenir avec foi, vigueur, détermination, courage et persévérance, car rien de sublime ne se construit sans une vision claire, une intention soutenue, un sens pratique et une foi authentique.
Puissions-nous enfin avoir le courage de concrétiser nos rêves par l'adoption d'outils appropriés à l'Âge dans lequel nous vivons !
(12) Bibliographie et liens suggérés
La Géopolitique du Chaos
Ignacio Ramonet
Éditions Galilée, 1997
Collection L'Espace critique
Réf. Bibliothèque générale de l'Université Laval : CB 428 R175 1997Citations de l'auteur :
« Nul ne semble en mesure d'identifier le principe fondateur de l'ère nouvelle dans laquelle nous sommes entrés après l'effrondrement du monde post-moderniste... l'espoir d'un monde plus juste, harmonieusement régi par l'ONU s'est effrondré... Selon Edgar Morin, par exemple : « Le problème clé des années qui viennent est celui
de la lutte multiforme entre, d'une part, les forces d'association, de fédération, de confédération, non seulement en Europe, mais dans la monde, et les forces de disjonction, d'éclatement, de rupture, de conflit. »...Les intellectuels pourront-ils se mobiliser pour éviter que, à l'aube d'un nouveau millénaire, la civilisation sombre dans la fascination du chaos ? »
Un autre monde est possible
Un collectif du mensuel le Monde diplomatique dans « Manière de voir » #41
Disponible en kiosque ou à la boutique du Monde Diplomatique :
21 bis, rue Claude Bernard 75242 Paris cedex 05
(56 F port compris)Citation des auteurs :
Il faut inventer une nouvelle économie, plus solidaire, qui remette l'être humain au cur des préoccupations Partout se conquièrent des droits humains supplémentaires, à la fois individuels et collectifs, qui dessinent les contours d'un autre avenir une multitude d'initiatives montrent l'extraordinaire dynamisme dont peuvent faire preuve les citoyens de ces pays que l'on dit sous-développés [...] Un autre monde sera fondé d'abord sur l'éducation, dont la place et le sens ont profondément changé depuis un siècle.
La mondialisation de la pauvreté
Michel Chaussudovsky
Éditions Écosociété, 1999
Requins :
L'insoutenable voracité des banquiersRichard Langlois
Collection Partis pris actuels, 1998
Réf. Bibliothèque générale de l'Université Laval : HG 2705 L 284 1998
Le Monde moderne et ses limites
Irvin Lazlow
Tacor International, 1988
La pensée moderne est-elle la plus grande menace qui pèse sur l'humanité ?
L'économie à la rencontre de l'éthique
- Au-delà du profit
Alain Mamou-Mani
Éditions Albin Michel, 1995
Communautés alternatives :
Associations des AmiEs de la Terrehttp://www.ful.ac.be/hotes/Amisterre/
Comprendre l'économie mondiale :
Tutoriel d'apprentissage
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